Pierre qui roule n'amasse pas mousse
Laisse moi te conter l'histoire du pape qui respecta à la lettre le voeu de pauvreté de l'Eglise. C'était Pie V élu pape en 1566. A cette époque l'évèque d'Aix la Chapelle était Otto Kiruhl. Celui ci déplorait le manque de richesse de l'église. Il était a deux doigts de s'agacer. Il décida de partir pour Rome et de demander audience au Saint Père pour lui demander de renoncer à sa politique d'austerité. Il prit la route accompagné de son fidèle serviteur Michael Parnass et de deux amis, un noble, le Comte hollandais Cornelius Houardelinde, et le théologien Herr Gerhart Nagor.
Le voyage dura plusieurs semaines. A cheval, bien sur, parce qu'il n'avait pas d'auto, Kiruhl. Un jour, en fin de matinée, arrivant en vue du petit village d'Icheri dans le nord de l'Italie, les trois hommes décidèrent de s'arréter sous un pont pour déjeuner à l'abri du soleil. Ayant sorti leurs victuailles sur une nape brodée, Otto Kiruhl eut alors cette reflexion :
- Mais il sent mauvais ce pont.
Son serviteur lui répondit alors un peu familièrement :
- Mais non, ce n'est pas le pont, l'Evèque, c'est le fromage.
Un peu étonné, l'évèque le remit à sa place :
- Dis donc, tu t'égares mon Parnass, tu pourrais m'appeler Monseigneur.
Pour détendre un peu l'atmosphère, Gerhart Nagor se mit à chanter. Il est vrai qu'il avait une jolie voix et que l'énervement dû aux fatigues du voyage s'évanouirent. Cornelius était aux anges. Le chant d'Herr Nagor sous le pont d'Icheri, ravissait le Comte Houardelinde.
Après moult péripéties, enfin, ils arrivèrent à Rome. L'évèque Otto Kiruhl demanda audience au Pape. Il fut exaucé. Le camerlingue le guida dans les jardins du Vatican. L'évèque fut un peu surpris en voyant le Pape allongé dans l'herbe. Des mouches lui tournaient autour et il essayait de les gober au passage.
- Mais, ma parole il avale des mouches, s'écria Otto !
Le camerlingue lui répondit alors :
- Vous comprenez maintenant pourquoi nous sommes pauvres.
Pie, Herr Kiruhl, ne mâche pas mouche !
Voilà, la véritable origine de cette expression, qui fut déformée, avec le temps. Ne croyez pas un mot de la version de mon espousée, qui se laisse abuser par son chauvinisme breton. Quand à la version abracadabrantesque qui ne va pas manquer de jaillir d'un certain cerveau malade, soyez indulgents, et faites comme d'habitude, mentez, dites lui qu'elle a raison !